QUI D’AUTRE Y PENSE ?

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QUI D’AUTRE Y PENSE ?

Ou

MEAUX DE LA PAUVRETÉ

 

Le désir d’un ailleurs, l’envie de ce bonheur
Si bien imaginé, ce rêve refusé
Par la peur de demain, par le manque d’espoir.
Ses yeux clairs n’essayent même plus de voir le jour.

Pour soi, pour ses enfants, de souffrir aujourd’hui
Fait espérer demain. On sait ce qu’on fera,
Comment on le fera, les moyens, le pourquoi,
Il ne pourra, bien sûr, pas en être autrement.

Peu de place et d’espace, quelques pièces à l’étage,
Vue des seuls murs d’en face. Pas pouvoir s’isoler,
Aucune intimité, peu d’air, tout trop serré,
Les plus forts sentiments sont souvent mis à mal.

Puis le couple s’effrite, l’Essentiel s’atténue,
Se dilue, s’éparpille, se perd et disparaît,
Absorbé des humeurs, noyé des aléas,
Des entraves partout, jusqu’aux moindres pensées.

Promiscuité toujours, étouffer de subir,
Voir le mal, impuissant, jamais se ressourcer.
Alors des voiles enferment, la vue se raccourcit,
L’horizon se verrouille et la pensée torture.

Toujours le bruit, le stress, les tentions, agressions,
La violence partout, la ville et ses délires,
Qu’on ne peut empêcher d’envahir, démolir,
Tarir le trésor de la récupération.

Rongé par le soucis, peur née de l’impuissance,
Fort de fragilité, le constat de faiblesse
Anéantit Morphée. Cette sale fatigue
Ronge, use et pourrit tout, c‘est l’ennemi majeur.

Café, usurpation, santé, dégradation
Les nerfs tuent le physique, le mental et le couple,
Les relations de vie ne s’en remettront pas,
L‘épanouissement à fait machine arrière.

Semblant toujours plus prés d’atteindre l’objectif,
C’est au dernier moment qu’a surgit l’interdit,
Qu’il faut se résigner. C’était pourtant si sûr !
Implacable système. Et tout est à refaire.

Pourquoi toujours pour d’autres ? Qui décide des droits ?
Après donner, souffrir, et toujours sans compter,
Contribuer sans rien recevoir en retour
Des élus qui, tout seuls, sont comme toi et moi.

Honte du moindre peu, que malgré tant d’efforts,
De maux, de sacrifices, on offre à ses enfants.
Calvaire qu’on s’était juré leur épargner
En regardant ailleurs ce que l’on espérait.

Mais le regard, autour, en voit d’autres et ceux qui,
Sans effort, sans contrainte, disposent à loisir de
Tout ce qui vient manquer. Il en faudrait si peu,
Qu’on se voit refuser. L’envie se fait colère.

L’être se sent si fort. C’est clair qu’il pourrait tout !
Humilié de faiblesse, démoli du constat ;
Des pans de soi s’écroulent, irrémédiablement,
Dans cet anonymat sans retour, sans merci.

Soulèvement tout seul, et la révolte glisse,
Il n’est pas de matière, la pression s’amplifie
Et la déflagration revient en implosion ;

L’être n’est plus qu’utile, évidé de lui même.

Extrait de « Cahier N°16 : »La Mission »

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SACEM N°1487267