SUR LA VILLE

Un soleil de béton
Qui embrase la ville
D’une chaleur de plomb
Renverse chaque quille.

Le plus petit brin d’herbe
A disparu des rues
Que le goudron désherbe
Au long des avenues.

Pas la moindre falaise
Où les lézards se dorent
Sur l’argile ou la glaise,

Plus un seul bouton d’or.

Les ruisseaux sont nantis
Au profit aux égouts,
Caniveaux répartis
Le long des trottoirs chauds.

Un ciel bas où les fils
Lézardent la fumée,

Les oiseaux sont captifs
De cages amidonnées.

Royaume des autos,
De l’acier sur le temps,
Du boulon, du marteau,
Du béton sans printemps.

Mais pourtant, elle vit,
La ville des robots,
Du boulot, des partis,
De l’heure et du métro.

Elle a ses souvenirs,
Batailles et conquêtes
Où l’on vit dépérir
Les moindres silhouettes.

Vergers de l’épicier,
Jardins sans mauvaise herbe,
Le bétail du boucher,
Puis le lait en conserve.

Un regard sur la rue
Et fermer ses volets ;

Le jour a disparu
Sous les stores baissés.

SACEM N°1487267