PARCOURS DU COMBATTANT ?

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PARCOURS DU COMBATTANT ?

Tout vous semble facile, « ils grappillent, ils flânent » et
Pourtant la précision se doit irréprochable,
Car, pour ces gens sérieux, ce que vous ne voyez
Peut bloquer les rouages, se faire grain de sable.

« Parcours du combattant ! ? Vous rigolez, bien-sûr ! »
Pas vraiment, même si rien n’est ici physique.
Traverser la lignée, les ennemis, les murs
D’obstacles rencontrés n’est pas des plus pratique.

Certes, l’état civil est un noble bienfait,
Mais sécurisation, comme supports modernes,
Il y a moins de cent ans venaient se limiter
A la plume, au papier, au travail des cavernes.

Voici que le surnom s’est fait un patronyme
Car inscrit comme tel sur des actes officiels.
Le collectif oublie, use des synonymes,
Détourne la lignée, falsifie l’essentiel.

Pour l’aîné des familles, il y avait le prénom
Transmis de père en fils. La mort de ce dernier,
Et ce de l’un sur l’autre, le passait au second.
Allez donc retrouver lequel était le vrai !

Comment se repérer sans références exactes ?
Il semble que tous ne savaient de leur naissance
Toujours les lieux, les dates. Les mentions dans les actes
Viennent alors fausser toute correspondance.

Puis des pattes de mouches ont rendu illisibles
Tant de précieux indices, tant de points capitaux.
Taches sur des détails souvent plus que sensibles,
Anodines ratures, qui brouillent les faisceaux.

Alors que jusqu‘au milieu du siècle dernier
Toute les transcriptions se faisaient à la main,
Erreurs, imprécisions, s’y sont souvent glissées.
Travail long, fastidieux, sur graphisme incertain.

Puis il faut déchiffrer les écritures anciennes,
Mêlant patois, latin, pétris de vieux français.
Les caractères changent, ça ne ressemble à rien
De connu, reconnu, qu’on nous ait enseigné.

Archives des notaires, mines d’or colossales.
Au-delà de cent ans, ils devraient déposer,
Tout grouper aux archives départementales,
Mais tant ne le font pas, s’approprient le passé.

Patrimoine commun, quand certains font payer
Pour voir ces vieux papiers. Puis, toujours dans ce cas,
C’est d’une étude à l’autre, qu’il faut se déplacer,
Plus de voyages, d’argent, de temps et de tracas.

Sachez qu’avant l’édit de Villers-Cotterêts,
Rien n’était retranscrit. Si les registres uniques
Ont disparu ce sont autant de ponts coupés,
Malveillances, incendies, tant de gestes cyniques.

Inégaux sur l’édit de Villers-Cotterêts,
Registres paroissiaux du Comtat Venaissin
Échappaient à la loi. Alors que désormais
Le mal était banni, il y eut des vilains.

Avant rattachement, les provinces n’avaient
Pas plus d’état-civil. Il n’existait qu’alors
Des actes paroissiaux en latin « patoisé »
Que lire peut tenter les chasseurs de records.

Lorsque les filiations n’étaient pas relevées,
Fin du seizième siècle, avant Villers-Cott’rêts,
Ou par laxisme après, pire que barbelés,
Pour pouvoir remonter, faut parfois s’accrocher !

Entre lieux de recherches et lieu d’habitation,
Il y a la distance, naissances à l’étranger
Où l’administratif, la langue, sont prisons
Bien pires que frontières et postes à traverser.

Quand à ceux qui sont morts ailleurs qu’en leur commune,
Rien n’était retranscrit sur le lieu de naissance,
Le lieu de résidence. Mieux que chercher fortune,
Retrouver les décès demande un peu de chance.

Le cas des nés sous « X », origine inconnue,
Père ou mère suffit pour casser la lignée,
Les abandons d’enfants, ou bien ceux reconnus
Par qui se dit parent mais n’est qu’assimilé.

Quand les lieux déclarés sont les noms des hameaux
Plutôt que des communes, mal orthographiés,
Pris comme phonétique, ils resserrent l’étau
Des migraines mythiques et des tête cassées.

Les dégâts des pilleurs, sans scrupules et cupides,
Ceux qui font disparaître irrémédiablement,
Ambulants, brocanteurs, qui génèrent ces vides
Privant le collectif d’uniques documents.

Il faut aussi luter contre le conjoint qui
Doit attendre des heures, dans l’auto, si souvent,
Etape sur la route, un détour en mairie,
Providentiel arrêt pour un besoin pressant.

Par ailleurs, croyez-moi, mieux vaut obtempérer !
Surtout si seul on a le permis de conduire.
Puis, pour s’opposer à la mienne, en aparté,
Laisser moi souffler qu’il faut être un dur à cuire.

Elle fait charité, toute cette énergie
Pour soulager des morts séculaires, impatients,
Qui attendent, oubliés, solitaires, alanguis.
Son mari s’en veut presque d’être un bon vivant.

Comprendre le milieu, redonner la couleur
De l’époque, du moment puis des événements,
Rendre aux gens de leur temps leurs histoires et leurs mœurs
Demande bien plus que la patience et le temps.

Jusqu’au vingtième siècle, n’était répertorié
Pour l’armée que les noms des officiers tués.
Qui ne revenait pas, sauf maris contrariés,
Était sans doute mort, sans acte de décès.

L’ampleur et les obstacles ont de quoi dissuader
Qui, sans être maso, voudrait s’y adonner
En sachant le parcours. Acquiescez, mais cessez
De dire qu’ils ne font que photocopier !

Extrait de « Cahier N°13 : »Essais sur la Généalogie »

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