REFLETS 2 Extrait 1

Mathieu VIGNAL  salue votre visite sur ASA-TEXTES

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REFLETS 2 (Extrait)

 

L’homme, seul, entre sur le plateau et s’adresse directement au public :

 

L’homme :         – Accueille moi,  . . .

… Tu recevras des images,

Et non des mots après des mots ;

Des mots comme des mirages,
Des images, …, mieux que des mots.

 

Le jeune entre à son tour, et s’adresse de la même manière au public :

 

Le jeune :           – Ding-dong !,

Et voilà
L’inattendu passant
Qui peut changer le cours
Des berges aléatoires
Des souvenirs troublants,

La vie de chaque jour.

 

Le femme entre maintenant sur la scène et s’adresse elle aussi au public, d’un ton à la fois sérieux et solennel :

 

La femme :        – Écoute !

Chut !

Écoute enfin le temps
Que d’autres font autour de toi ;

Par leurs paroles et par leurs sens,
Par gestes, par actes et par foi.

Écoute les bien, et tais toi,
Assez longtemps pour les comprendre ;

Observe les dans leurs émois ;

Sache dans leurs regards entendre.

 

La scène se vide alors, restant un moment vide.

Le jeune entre, en tenue militaire, sac sur le dos, vient, repart, traverse la scène de long en large, rentre et sort, regarde son fusil, dédaigneux, prend et regarde son képi, puis hoche la tête, traite de même son pantalon, ses Rangers et son treillis.

 

Le jeune :           – Mais qu’est ce que je fait là ?,

Je n’ai rien demandé ;

Ils ordonnent à mes pas,
Il me faudrait tuer ;

 

Ils m’inspirent dégoût,
La haine et le combat
A moi qui suis si doux,
Victime d’être là !

 

Reprise en cœur de l’ensemble de la troupe (partie pouvant être chantée)

 

La troupe :         – De tâches d’eau en tâches de sang,
Et des massacres au nom de l’argent ;

L’armée nous a formé ;

 

De marres d’eau en marres de sang,
Par le profit tu deviendras grand ;

Chemin de société.

 

De toi à moi, si tu comprends,
Le filet d’eau devient torrent ;

De toi à moi, on nous apprend
Qu’il nous faut détester les gens.

 

Mais qu’est ce que tu veux faire,
Dans ce monde qui tourne à l’envers ;

Mais qu’est ce que tu veux fair’,
Tout seul au fin fond de cet enfer ?

 

Le petit bébé qui pleurait,
Qui de nous autres dépendait ;

Va se mettre à crier !

 

Le petit enfant qui jouait,
Jeux innocents à la récréé ;

Va se mettre à tuer !

 

Mais pour pouvoir devenir grand
La première leçon est aussi la dernière ;

Et n’oublie pas, au cours du temps
Si tu n’écrases pas tu restera derrière !

 

De tâches d’eau en tâches de sang,
Et des massacres au nom de l’argent ;

L’armée nous a formé ;

 

De marres d’eau en marres de sang,
Par le profit tu deviendras grand ;

Chemin de société.

 

Le politique entre, l’allure déconfite de celui qui est tombé de très haut, désespéré de voir ce qui est, l’allure de celui qui à vu échouer les espoirs de sa vie.

 

Le politique :   – Moi, tout ce que j’aimais,
Le calme et la sagesse
Hérités des anciens ;

Ces gens qui travaillaient
D’une dure allégresse,
Qui fabriquaient demain.

Ceux qui prenaient leur temps
Dans ce temps où les choses
N’étaient pas que des choses
Et modelaient le temps.

Les choses s’imprégnaient
Des vibrations d’artistes,
Artisans, violonistes,
Ceux qui les habitaient.

 

Le jeune revient, toujours avec sa tenue militaire :

 

Le jeune :          – C’était un incendie dans la cave à Papé ;

Lui, du fond de sa tombe et si haut dans les cieux
N’était plus consulté des occupants du lieu ;
Et les pierres sont mortes, leur cœur a éclaté.

Si j’aimais la Maison, et l’aimais de la sorte,
C’était bien cette cave, cet endroit si secret
Et souillé maintenant par ces profanateurs
Qui, eux, ne savent pas ;

Cet endroit bien à Lui
Et fait à son image ; cet endroit partagé
Où nous avons foulé, ensembles si longtemps,
Oui, des heures durant le sable des bons vins
Et des charcuteries refaites chaque année ;

« Tourne toujours d’ici » me disait il bien fort ;

Car tous ne savent pas que des meilleures choses
Est souvent un secret détenu les anciens,

Et j’aimais ses secrets, qu’est il parti si tôt ;

 

Cet endroit partagé et fait à son image
Où nous avons souvent tiré tous deux le vin,
Siphonné dans nos cœurs la substance d’Amour
Pour en tirer la moelle et pour la partager,
Pour en goûter le suc ;

M’y serais je brûlé ?

 

Mais non, l’Amour est bon et il me l’a laissé.

Saurais je reconstruire, seul à crier au monde
Qu’il suffit de vouloir et de n’être pas seul ;

Saurais je sur ses pas, aurais je le pouvoir,
Aurais je la sagesse, de suivre jusqu’au bout
Le chemin qu’à tracé l’Amour de mon Grand-Père
Et redescendre un jour dans la cave à Papé ;

Pour la ressusciter, …

… , en y tirant le vin.

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REFLETS 1 Extrait 1

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REFLETS 1 (Extrait)

 

* Le couple arrive, main dans la main, et se tourne brusquement vers le public lui déclarant à l’unisson et avec enthousiasme :

 

Le couple :             – Nous, on s’aime !,

Et c’est presque à l’envers
du monde d’aujourd’hui.

 

* Le jeune arrive, allure nonchalante, il réfléchit à haute voix :

 

Le jeune :               – Trop de superficiel nous éloigne du ciel ;
Trop de gestes pour rien détruisent nos destins.
Ils parlent, parlent et saoulent, …, et le monde s’éloigne,
Tout se joue devant vous, notre pièce en témoigne.

 

* Ils marchent tous trois de long en large.

 

* Le jeune se retourne brusquement vers le public :

 

Le jeune :                – Garde la dynamique !,
La dynamiqu’ te dynamise,

C’est de la dynamite !

 

* Arrive l’homme, leur déclamant (partie pouvant être chantée) :

 

L’homme :              – Malgré vents et marées, nous croyons nos talents ;
Malgré des ventres vides, oh, nous croyons en nous ;
Quoi que ça fasse mal et que tous nous répètent,
Nous ne pouvions craquer car devant la beauté,
Devant nos convictions, ils ne comprendraient pas.

 

* La femme arrive, elle s’adresse à l’homme :

 

La femme :            – C’est la lumièr’ qui descendait,
Celle qui venait pardonner,
Qui nous disait de partager
Mais ne savait pas le crier !

Dis, redis leur qu’ils le pourraient,
Qu’il suffirait, s’ils le voulaient,
D’un peu plus d’amour et de paix.

 

* L’homme s’affole soudain, il a les yeux qui cherchent, il se montre très anxieux, il s’adresse à la fois à la femme et au public qu’il prend à partie ;

 

L’homme :             – Dites moi pourquoi,
Dites moi pourquoi,
Oui, dites moi pourquoi,

Mais dites moi pourquoi,

Les bombes, …, qui tombent, …, …, partout !

Il se reprend,

– Je ne comprend pas,
Je ne comprend pas,
Non je ne comprend pas,

Oh je ne comprend pas,

Dites moi, …, pourquoi pas, …, …, la paix !

 

* Le journaliste, assis à son bureau fixe de présentation du journal télévisé, dans un coin de la scène, l’air placide et toujours sans émotion :

 

Le journaliste :    – C’est pire ailleurs,

Pourquoi se plaindrait on ?

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LE COMPTOIR ACTE XVII

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LE COMPTOIR

(En collaboration avec de Patrick AZOULAY)

Acte XVII

(Dans un bistrot populaire.)

Un homme entre, il s’assoit et commande :

L’homme :   – Gargotier ! Un plat du jour !

Gargotier :   – Ça roule ! Et c’est qu’il le suis à l’odeur, le monsieur, l’plat du jour !

Gargotier le sert et retourne derrière son comptoir.

 

L’homme sent le plat, le re-sent.

Gargotier :  – Qu’est ce qu’y a ? Un problème ?

L’homme :  – Vous êtes sur qu’elles ont pas une petite odeur ?

Gargotier : – Eh, dis donc ! Chez moi c’est pas des andouillettes de supermarché, hein !

C’est la moutarde, que tu sens !

De la bonne moutarde forte de Dijon !

Mais tu dois pas pouvoir t’la payer chez toi !

C’est pour ça !

T’es pas habitué !

L’homme :  – Non, …, je veux dire …

Gargotier monte le ton

Gargotier :  – Vous voulez dire, …, la moutarde !

L’homme :  – Non, …, enfin, …, je ne sais comment dire …

Gargotier monte encore le ton :

Gargotier :  – Tu veux dire la moutarde !

Et moi je sens qu’elle me monte au nez, la moutarde !

Dis donc ! Tu t’fous d’ma gueule ?

L’homme :  – C’est quoi, déjà, comme plat ?

Gargotier :  – Des andouillettes de gibier sauce  moutarde !

Le gibier il est dans la foret, à quatre pattes, on l’entend dans la foret le dimanche           matin, et ma moutarde, c’est direction Dijon, R.N.7, de la vrai moutarde bien forte !     O.K. ?

C’est pas loin d’la Bourgogne où y a du très bon pinard !

L’homme :  – Des andouillettes de gibier ! ?

C’est quoi, ça, andouillettes de gibier ?

Gargotier :  – Mais, j’t’en pose, moi, des questions ?

J’te d’mand’ pourquoi t’as une tronche aussi con ?

J’te d’mande pourquoi entre une départementale et une vicinale y faut jamais prendre la départementale ?

J’t’emmerde, moi, avec des conneries pareilles ?

Tu sais mêm’ pas c’que c’est des andouillettes de gibier et tu la ramènes ?

Faut que j’te fasse un dessin ?

L’homme :  – Euh, …, non !

Gargotier :  – Bah ! Faut qu’on l’aim’ ce métier ! Quand on voit ça, …

C’est vraiment jeter du lard aux cochons !

L’homme :  – Euh, …, du lard aux cochons ?

Euh, …, je ne comprends pas !

Gargotier :  – Oooh !

C’est pas possible !

J’vais m’le faire !

Le microbe !

La demie portion !

C’est pas vrai !

J’vais me faire une gâterie !

J’te dis qu’c’est d’la moutarde !

L’homme :  – Vraiment ?

Gargotier :  – Ouais !

De la moutarde !

Avec des grains malaxés !

Tu sais c’que c’est, d’la moutarde ?

Elle est pas assez bien pour toi, ma  moutarde ?

Elle te plaît pas, ma moutarde ?

J’te dis qu’c’est d’la moutarde !

L’homme :  – Bon ! Bon !

Euh, …, d’accord !

Gargotier :  – De la moutarde de gibier façon andouillettes !

Et puis, dis donc, tes agglomérés d’viande, les dix pour douze cinquante, quand tu vas   dans ton supermarché pour fauchés, tu l’emmerdes pas l’épicière, quand t’y vas !

Hein !

Quand t’as des érections de boutons l’lendemain, tu les emmerde pas les patrons !

Alors !

Tu vas quand même pas nous gonfler avec mes andouillettes !

C’est du pur produit d’terroir, qu’ils appellent ça !

Tu sais c’que c’est qu’le terroir ?

Made in France !

N.F. !

Norme Française !

Eh, c’est marqué !

Tu veux voir l’étiquette ?

N.F. !

 

Silence.

 

Gargotier se retient, prend son souffle, se calme un peu :

Gargotier :  – Enfin, puisque j’te dis qu’c’est la moutarde !

L’homme :   – Vraiment ?

Gargotier pète les plombs :

Gargotier :  – Ouais ! La moutarde !

Tu l’aimes pas, ma moutarde ?

Elle est pas assez bien pour toi, ma moutarde ?

Elle te plaît pas, …, ma moutarde ?

J’te dis qu’c’est la moutarde !

L’homme :  – Bon !

D’accord ! C’est très bon !

C’est vraiment de la moutarde de gibier façon andouillettes!

… Euh, …, enfin, …, du, …, des, …,

enfin, c’que vous voulez !

… Mais c’est très bon !

… Et puis ce petit goût de faisandé ! …

… C’est vraiment des andouillettes de moutarde à la sauce gibier !

… Aucun doute !

… Si vous voulez !

Gargotier :  – Bon ! A la bonne heure !

On sait prendre de bonnes résolutions !

Gargotier se tourne à part :

Gargotier :  – Y va quand même pas m’mettre l’hygiène sur le dos, ce con !

Avec sa gueule de rat qui pue à trois kilomètres !

Y sont déjà venu quatre fois cette année et y m’lacheront plus, ces cons !

Avant on leur donnait des enveloppes ! Avec un muscadet, euh, après c’était on y           r’tourne !

Puis j’étais tranquille !

Y r’sortaient bourrés ! Y z’avaient mill’ balles ! On les entendait partout !

Maint’nant y sont d’venus honnêtes ! Ou presque ! Y font ça à grande échelle !

Toutes les grandes surfaces leur donnent dix mill’ ball’s ! J’peux pas lutter !

… On appelle ça la concurrence !

… Putain !

Est c’que je vais voir, moi, c’qu’y mett’nt dans leurs assiettes, eux !

 

Silence.

 

Gargotier reprend, toujours à part :

Gargotier :  – Avec tous les plats avariés que j’ai dû vendre depuis vingt ans pour faire mon    beurre !

Merde, quoi !

Y vont quand mêm’ pas m’avoir maint’nant !

 

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LE COMPTOIR ACTE XII

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LE COMPTOIR

(En collaboration avec Patrick AZOULAY)

Acte XII

 

(Dans un bistrot populaire.)

Entrent deux jeunes, un français et un Nord-Africain.

Français :    – Deux pastis !

Gargotier :  – Tout d’suite !

 

Pendant qu’il les sert commence leur discussion :

N-A. :             – Putain, y m’ont encore fait chier avec les contrôles ! Z’arrêtent pas !

Et comme par hasard ça tombe toujours sur les beurres !

Français :    – Non ? !

N-A. :             – Si ! Puis t’as vu comm’ j’suis bâti !

Y s’en prennent jamais aux grands costauds, chez les beurres !

Et pour moi, c’est pas du gâteau, eh ! Ils prennent toujours des p’tits beurres !

Hé ! Des p’tits beurres pour leur quatre-heures !

 

Silence.

 

Français :    – Qu’est ce qu’y t’voulaient, encore ?

N-A. :             – Eh, contrôle des papiers, hé ! Parait qu’y encore eu un casse cett’ nuit, hé !

Français :    – Mais t’y est pour rien, toi !

N-A. :             – Ouais ! C’est c’qu’je leur ait dit !

Moi, comm’ j’leur ai dit, je suis honnête et j’essaie d’m’en sortir ! J’cherch’ du boulot !

Français :    – Et y t’ont quand mêm’ emmerdé ?

N-A. :             – Hé, j’leur ai dit, pouvez m’fair’ confianc’ !

Y a un flic qu’à dit « Non ! », hé !

J’ai fais « Pourquoi ! », oh ? !

C’est pa’c’que j’ai 27 ans et six ans de tôles, qu’y m’font pas confianc’, hé, ils ont dit, ces cons ! »

 

Silence.

 

N-A. :             – P’tant, …, j’leur ai même montré ma carte A.N.P.E. ! Rien à faire, hé !

Français :    – Ah, putain ! Les cons !

N-A. :             – Comment tu veux y arriver si tout d’suite, sans raison, on t’fait pas confianc’, hé, quand tu dis qu’t’es honnête !

Français :    – C’est vrai, ça !

N-A. :             – Les cons, comm’ j’leur ai dit, six ans de tôle, c’est rien ! C’est des erreurs de jeunesse ! Maintenant j’ai 27 ans ! A qui c’est pas arrivé, hé ?

Et le flic y m’a répondu : « A moi ! », oh !

 

Silence.

 

Français :    – Ben c’est vrai, ça ! A qui c’est pas arrivé ?

N-A. :             – Ah, tu vois ! Ça t’es arrivé, à toi aussi !

Français :    – Non ! Pourquoi ?

 

Silence.

 

N-A. :             – Et puis, l’autre jour, je suis allé chez les parents de ma femme !

J’chui allé voir sa mér’, hé !

J’lui ai dit comm’ ça, ta fille, maintenant, ell’ me prend la tét’ ! J’te la ramén’, hé !

Français :       – Comm’ ça ? !

N-A. :             – Ouais, hé ! J’lui ait dit comm’ ça !

Puis y sont pas facil’s les parents ! Y’avait l’pèr’ qu’écoutait derrièr’ la  port’,éh !

L’est sorti, et l’a dit comm’ ça : « On la renvoie au bled ! Ell’ va pas nous fair’ chier,           celle là ! »

Français :    – Et alors ?

N-A. :             – Alors, j’ai compris qu’y valait mieux pas la laisser de suite !

Français :    – Et t’as fait quoi ?

N-A. :             – Je l’ai gardée pour voir, on s’est expliqués, hé, et maintenant ça va mieux, euh !

Français :       – Putain, t’as raison qu’y sont pas commod’s ses parents !

N.A. :             – Putain non, hé ! Sont pas commodes !

Français :    – Et ça va mieux ?

N.A. :             – Ouais ! Elle a compris !

Et quelque part c’est bon d’avoir la femme à la maison, hé !

J’chuis pas rétrograde, hé ! J’chuis moderne, moi ! Hé ! Où tu vas ? Hé !

 

Silence.

 

N-A. :             – Et maintenant que j’suis avec ell’, j’ai plus envie de fair’ des conneries, hé !

Français :    – Qu’est c’tu veux dir’ ?

N-A. :             – J’veux un’ vie tranquille ! J’cherch’ du boulot, mais c’est dur, j’trouv’ rien !

Et les flics y font toujours chier, hé !

Vont m’obliger à recommencer, s’ils continuent !

Mais, moi, j’l’comprends, lui, hé, « Mickaël Jackson », con !

Y s’est fait blanc hé ! Comm’ ça on lui d’mand’ plus ses papiers, oh ! Hé ! Il est pas con, lui !

Avant, à Harlem, con, cinquante fois par jour on devait lui demander ses papiers ! Hé !

Maintenant il est blanc !

Et maintenant l’est tranquille, lui !

Hé ! Oh ! Hé ! Où tu vas ! Hé !

Français :    – Putain, ouais !

N-A. :             – Y vont m’obliger à recommencer s’ils continuent, hé !  Les flics, con !

Hé ! C’est leur faut’ si on peut pas s’en sortir !

Français :    – Ouais !

N-A. :             – Puis leur ai expliqué mais veul’nt rien comprendre ! Eh ! J’fais d’mal à   personn’ !

Chuis honett’ , moi !

Moi, j’braquais qu’les rich’s, hé !

Eux, y s’en fout’nt ! Alors je f’sais d’mal à personn’

Français :    – Ah, ouais ? !

Et comment tu savais s’ils étaient riches ?

N-A. :             – Eh, putain ! Tu me prends pour un con, là ! Con ! Hé !

Je l’sais s’ils sont riches ! Hé ! Ils ont une odeur, éh, les riches !

C’est comm’ nous, on dit qu’on a une odeur de mouton ! Con !

Hé ! Où tu vas, là ! ?

Eux aussi, ils ont une odeur ! Hé ! Normal ! Oh ! Chacun son odeur !

J’fais d’mal à personne, moi ! Hé !

Français :    – C’est vrai, ça ! Tu leur as expliqué, aux flics ?

N-A. :             – Ah, ouais, hé ! Bien sur que j’leur ai expliqué que j’braquais qu’les rich’s !

Français :    – Et pas moyen ! ? Y compren’nt pas ? !

N-A. :             – C’est comm’ les commerçant !

Les petits, s’tu les braqu’s, tu les mets dans la merde ! Moi, j’braquais qu’les gros !

Français :    – Ah, bon ? ! Les gros, heu, les obèses ?

N-A. :             – Eh non, hé ! J’les baise pas, oh !

Non ! Con !

Les gros commerces ! Les supermarchés, hé ! Eux y s’en fout’nt ! Eux ! Hé !

Français :    – Putain, et les flics y peuv’nt pas comprendre ça ?

N-A. :             – Non ! Rien à fair’ !

Quand tu leur dis qu’tu braqu’ que les gros, et ils s’énervent, hé !

Comm’ s’ils préféraient encore que j’braque les petits ! ces cons !

Les p’tits, tu les fous dans la merde, si tu les braques ! Et où tu vas, hé !

Français :       – Putain ! C’est vraiment des cons !

N-A. :             – Puis moi faut plus qu’je déconne, hé ! Y m’surveillent de prés, hé !

La premièr’ connerie y m’renvoient au bled ! Je l’sais, hé ! Y m’l’ont dit !

Français :    – Ah, hé, oh, là ! Là faut pas déconner !

N-A. :             – Ah, putain non, hé ! C’est vraiment mal fait le systèm’ en France !

Quand t’as réussi à rentrer et qu’tu veux t’en sortir, si y a personn’ de solid’ pour t’aider,   tu peux pas y arriver, hé !

Et ils veulent te sortir pour plus pouvoir rentrer ! Hé !

C’est vraiment un systém’ de merde, la Franc’, hé !

Ça t’dégouterait d’y rester !

Français :    – Ouais ! Mais faut pas déconner, hein,  si tu veux pas retourner au bled !

N-A. :             – Putain non ! con ! Risque pas, hé ! J’veux rester ici, moi ! J’chuis français autant qu’toi, hé !

Français :    – Ah, hé, ouais, ouais, ouais !

Mais t’es arabe quand même !

N-A. :             – Ouais, mais un arabe français !

 

Silence.

 

Français :    – Putains de flics ! Vraiment des caves !

N-A. :             – Ah, ça ouais, hé !

Oh, hé, hé, oh, hé, hé, hé, hé, hé, hé,

Français :    – Stop !

N-A. :             – Ouais, hé ! !

Putain hé, en v’la un qu’arriv’ ! Allez, va, hé !

(Un policier entre dans le bistrot)

Laiss’ la monnaie, on s’arrach’, hé ! Regarde !

Y va  app’ler les flics, là, le flic, hé ! J’le connais, éh ! J’chuis déjà venu, hé !

Euh, …, Gargotier, hé !

Et il m’en veux, en plus, le flic, c’est une teigne, hé !

Y peux pas voir les blancs arabes, lui !

Français :    – Et pourquoi tu dis ça ?

N-A. :             – Parce que chaque fois qu’y a un mec qui vient ici boire, il dit deux blancs !

Enfin, .., jamais un blanc ET un beurre !

Français :    – Ah, ouais, hé, enfin, c’est pas grave !

Français pose l’argent sur la table et ils sortent rapidement.

 

Le policier s’approche du comptoir.

Policier :      – Gargotier, un coca, s’il vous plaît !

Gargotier le sert.

Gargotier :  – Alors, en service ?

Policier :      – Oui ! Tout va bien ici ?

Gargotier :  – Tout va bien !

Policier :      – Alors je continue !

Il finit son verre, pose la monnaie sur le comptoir et part.

 

Poivrot :       – T’as entendu le jeune, là ?

Gargotier :  – Ouais !

Poivrot :       – On a fait quand même pas fait six an de tôle à vingt sept ans par hasard !

Fada :            – Mais il a dit que c’était une erreur de jeunesse, comme tout le monde !

Poivrot :       – Et toi t’as fait six ans de tôle, toi, pour une erreur de jeunesse ?

Fada :            – Non, mais c’est différent ! Et puis, puisqu’il l’a dit ! »

Poivrot :       – Et pourquoi ? Pourquoi ce s’rait différent pour toi ?

Fada :            – Parc’que je suis pas comme tout le monde, moi ! Tu me le dis tous les jours !

J’suis comm’ moi, moi !

Poivrot :      – Heureusement pour tout le monde ! Mais c’est pas le problème !

 

Epilog entre et dit spontanément :

Epilog :         – Oui, mais …

Poivrot le coupe tout aussi spontanément :

Poivrot :       – Y a pas de mais qui tienne !

 

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REFLETS 3

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REFLETS 3

ONE-MAN-SHOW

 

Amis du verbe, du drame et de la dialectique, bonjour !

Je me présente ?

Présentateur !

Hum ? Vous dites ?

De quoi ?

Ben, …, de ce que vous voulez

De n’importe quoi

Déjà, je présente,

Je représente,

Devant vous,

Alors, si, en plus, il faut …

… (Court moment de réflexion)
Voyons

Présentateur de nouvelles !

Fraîches

Les nouvelles

Fraîches

Fraîcheur

Climatisation

Frigo

C’est frais, quand ça sort du frigo, les nouvelles, par exemple,

Le journal,

Nouvelles fraîches quand tu le sors du réfrigérateur,

Oui, fraîches, frais

(Silence prolongé avec regards au public en marquant l’interrogation)

Souffleur !

(Regards au public en marquant l’interrogation)

Souffleur !

(Regards au public en marquant l’interrogation)

Enfin, …, souffleur !

(Regards au public en marquant l’interrogation)

Vous trouvez pas qu’il fait chaud, ici ?

(Regards au public en marquant l’interrogation et en s’essuyant le front)

Souffleur ! ?

(Regards au public en marquant l’interrogation)

Comment est-ce possible ?

Pas de clim, et même pas de souffleur !

Pour faire un peu d’air

Ben oui, fait chaud, ici

Comment ça ?

Bien sûr, si je demande un souffleur, c’est pas pour me souffler, c’est pour souffler

Ventilation

A l’ancienne


Et privilège

Ancien
….
Le souffle de souffleur qui soufflait sans me souffler

Bon, enfin, z’allez pas m’en faire un fromage

D’ailleurs, la cuisine, aujourd’hui, c’est pas comme mon texte

Allégée

Mais non, la cuisine, pas mon texte

(En aparté) D’ailleurs, entre nous, …

Z’avez l’impression d’en avoir pour votre argent, vous ?

Parce qu’avec l’allégé, y a pas que la bouffe qui est allégée,

Le porte-monnaie aussi

Après

Régime pour tout le monde

Moins t’en as dedans, plus tu en sors

Et y’en a plein qui trouvent ça normal !

La valeur vient de la rareté, donc,

Moins y’en a dedans, …

Alors qu’avec mon texte

C’est dedans qu’y en a plus

Après

Mentalement

Culturellement

Ça t’enrichit

Quoi que t’en penses,

D’ailleurs, ami du drame, du verbe et de la dialectique, avant de sortir

N’oublie pas

Le petit

Le petit plus, quoi

(Reprise du sérieux)

Présentateur de nouvelles,

Fraîches.

Tiens, l’éducation nationale !

Cette année : « Réforme de l’éducation nationale ! »

(Ecoute interrogative du public)

Mais non, j’ai dis fraîches, les nouvelles

(Regard d’évidence au public)

Bien sur, la dernière

Réforme

Celle de cette année

De toute façon, y’en a une tous les ans

Périmée l’année d’après

Et dont on n’aura jamais le temps de voir les résultats

Va comprendre

Toujours que tu ne peux pas te tromper

La réforme de l’éducation nationale, c’est toujours une nouvelle fraîche

Mais c’est jamais la bonne

Réforme

Puisqu’il y en a une tous les ans !

 

La surpopulation carcérale !

C’est pareil

Tu peux pas te tromper

Réforme tous les ans

« La réforme nouvelle est arrivée ! »

Celle de l’année

Nouveau programme

Nouveaux projets

Aménagements

Répartitions

Constructions

Toujours plus de prisons

Toujours plus surpeuplées

A croire qu’on peut réserver sa cellule sur plan

Et qu’ils pratiquent le surbooking

Non maîtrisé

Alors il faut des réformes

Pour maîtriser

Là aussi, nouvelle fraîche !

Plus t’es dans la merde,

Plus t’es dans la merde !

 

Et les H.L.M. des quartiers ghettos

Encore idem

Plus ils en font

Plus il en faut

Ou peut-être le contraire,

Les H.L.M.

Nouvelle toujours fraîche

Constat affligeant

Aussi terrible que déplorable

Et non périssable

Avec les H.L.M.

Les Habitations aux Logements Minables

Dans ces quartiers ghettos

Dix étages

Quand c’est pas quinze

Quatre apparts par étage

Au moins

Je minimise tout

Sinon, des fois, tu peux même pas imaginer

Deux cent quatre vingt mètres carrés au sol

Environ

Cent cinquante personnes

Empilées

En minimisant au maximum

Une personne pour deux mètres carrés au sol

Habitations intensives

En batterie

Pardon

Industrielles

Très économiques

Parce qu’on a beau dire qu’ils bénéficient d’avantages

Ou davantage

Faut pas oublier, dans ces quartiers,

Eux, ils sont vraiment dans le caca

La plupart du temps

Tous les jours

Avec le bruit

La violence

L’irrespect

Le stress

Le manque de sommeil

Les trafics

La peur

Pas de sous

Pas de vacances

Plus t’es dans la merde …

Alors que dans les quartiers résidentiels

Même en minimisant tout,

C’est le monde à l’envers

A l’envers des H.L.M. dans les quartiers ghettos

Même en minimisant tout

Puis les usines

Dans les usines

La densité d’ouvriers par rapport à celle de patrons

Mais là, c’est normal


Faut des patrons riches pour faire travailler des ouvriers pauvres

Qui enrichissent les patrons

Riches

Pour qu’ils puissent faire travailler les ouvriers

Pauvres

Z’ouvriers

Contents de travailler

Pour des patrons

Riches

Parce que les ouvriers, eux, quand ils perdent leur job, z’ont pas droit aux stock-options

Qui leurs sont dus

En principal

Pauvres

Z’ouvriers

Qui n’en verront jamais la couleur

Les ouvriers,

Quand ils sautent,

Ils sautent,

Sans parachute,

Doré,

Le parachute

Je peux vous présenter des collègues,

Histoire de passer le temps,

Mes collègues

Personnellement à moi

Comme mon collègue penseur,

Mathieu,

L’intellectuel

Tu sais, celui

Le seul

Qui a lu l’encyclopédie sur la vie sexuelle des crevettes

En trente deux volumes !!!

Masturbation intellectuelle à tous les étages

Grisé par la matière grise en action

Le mec

(Regard au public pour comprendre sa question)

Comment je sais qu’y a que lui qui l’a lu ?

Parce qu’on n’en a vendu qu’un seul exemplaire

De l’ouvrage

Le sien !

C’est mon collègue éditeur

Albert

Qui me l’a dit

Lui, Albert, l’était sûr de toucher les écologistes sur la baisse de reproduction

Des crevettes,

Il comptait sur l’intérêt des pisciculteurs, des producteurs de poissons et crustacés

Personne a mordu à l’hameçon

Et plouf, ce fut un flop

Un coup d’épée dans l’eau

Enfin, le penseur,

Il me dit :

« On parle,

On gesticule

On s’interpelle

On s’active

Toute ces choses qui donnent l’impression d’être quelque chose de considérable dans l’univers,

D’exister.

Puis il y a les passions

Qui, seules, donnent tant de force

Ce sentiment d’importance réelle

Quelquefois de puissance

Enfin, le recul, nous dit qu’on en fait si peu

Alors autant que ce soit fort

Pour concentrer

L’éternité,

Sinon, voir passer la vie …

Tiens, toujours le penseur, l’intello,

L’autre jour il évoque la réalité virtuelle

Quelle expression stupide !


Il dit : « Et patati !

Je réponds : « Et patata !

Le matheux,

Paul

Lui aussi, c’est pas rien

Et c’est rien de le dire

Si j’ose dire,

Il m’a scotché

Avec cette colle :

Le gasoil est moins taxé que l’essence

Le brut augmente

Et le gasoil augment plus vite que l’essence

Alors que ce devrait être le contraire

Va comprendre


Et si t’as pas compris

C’est qu’on a raison

De nous prendre pour …

Non, eux, pas nous, de nous prendre, nous, pas eux, pour des …

Ben oui, eux pour nous, nous pour eux

Un pour tous et tous pour Dieu

Car tous pourris

Non,

Eux

Pourris

Pas nous

(Les 12 répliques suivantes avec l’accent maghrébin)

Tu sais

Oui tu sais

Mon frère

Sigmund

Mais non

Pas mon frère Sigmund

Mon frère

Sigmund

Mon collègue

Philosophe,

Il faut le suivre

Des fois

Et pas n’importe où

Fais gaffe, quand même

Il m’a encore dit un truc

Que je continue de réfléchir

Depuis une semaine

Parce que je suis têtu

Moi

Pitt Bull cérébral

Qui lâche jamais le morceau

Jusqu’au bout

C’est comme avec cette boisson gazeuse, tu sais

Si tu la secoues beaucoup

Tu peux décoller la pulpe du fond

Dès fois

Mais là

Y a rien qui se passe

Et quand j’aurai fini de réfléchir

Ben, ce sera comme d’habitude

Toujours pas compris

Ecoute un peu c’qu’il m’a sorti :

« La créativité et son interprétation ne peuvent pas être mécanisées car elles sont créations humaines, et l’humain, seul, peut les reconnaître »

T’as compris, toi ?

Puis, pour imager, il ajoute que ce tableau qu’il trouve si beau n’intéresse pas du tout son chat !

Alors là

Le chat

Pour un Pitt Bull

Ça devient terrible !

Mais mon pote philosophe, terrible !

S’arrête jamais

Encore,

L’autre fois, il m’interroge :

« Vivre sans amour ? »

Puis il enchaîne :

« Inhumain,

Innanimal »

Et alors ?, que je lui dis

« Alors regarde !

Donner aux enfants les armes pour se battre au mieux dans ce monde hostile,

Et cultiver l’Amour indispensable,

Attention aux fausses routes ! »

 

L’ami d’enfance

‘Tibou

Qui a eu sa maison inondée

Révolté :

« Les assureurs, c’est comme les banquiers !

Plus t’es dans la merde …

Plus t’as besoin

Moins on t’aide

Et inversement »

 

Quand j’en ai parlé au penseur

Tu sais,

Mathieu

Ben oui,

Celui de tout à l’heure

L’a répondu sans précision :

« On nous noie d’informations secondaires pour justifier des objectifs inavoués »

J’ai encore pas compris, mais cette fois, j’ai réagi, et toc, du tac au tac :

« L’éthique est optionnelle »


Là, j’ai cru marquer un point

La boule au but, et bang,

Il me renvoie :

« Certes, d’autant que l’humilité n’est plus de mise

Ah que néni !

Quoi qu’elle soit si riche

Car on n’avance qu’en admettant ses faiblesses

Ses lacunes

Ou ses espérances

Culturellement,

Spirituellement, bien sur

L’enrichissement »

Et comme si le penseur suffisait pas, y’a Morgane

Morgane la sociale

Ou sociologue

Du moins, l’humaine, simplement

C’est une nana qui veut tout analyser

Qui se dit amoureuse des mots

J’aimerais être un mot

Quelquefois

Surtout quand je la vois

Mais quel mot ?

Faudra lui demander

Parce que

Elle aime quand ils sonnent,

Les mots,

Des fois, je me demande elle n’aurait pas plutôt du être prof de français

Ou de philo

Non, plutôt de théâtre

Ou mieux, de poésie

Mais, elle,

La poésie

On a tendance à l’oublier dans les matières scolaires

A tord

Dommage

Bref

Elle vient me parler des fidélités

Des infidélités

Et elle me dit :

« Bien des fidélités sonnent la fin des dus, de fait ou de visu, aux partis, entreprises, finances et capitaux, au couple»

« Certes oui, qu’elle ajoute, bien des fidélités défilent maintenant disant se mériter et flattent leurs auteurs »

Puis quand je lui demande de s’expliquer un peu parce que je n’ai pas tout suivi, compris, elle me parle des

« Maux qui prennent en défaut ces plaidoyers du faux, des défilés d’infidélités sous couvert de pseudos, de valeurs, morales et de contrats qui couvrent ou qui découvrent sans être à découvert dans les fidélités dues »

Ben,
….
Quand elle a fini

Pour tout comprendre

Vaut mieux qu’elle te donne le texte par écrit,

Et encore,

J’y réfléchis une semaine

Je reviens poser des questions

Puis je réfléchis encore

 

Y a Baba

Baba l’zen

Très cool ,

Ben, l’zen

L’écolo, quoi,

Le gars qui te dit :

« Moi, de toute façon, je suis pour

Je suis toujours pour

Parce que quand tu es contre

Tu te fais des ennemis

Pas quand tu es pour »

Je lui demande alors s’il est aussi pour ceux qui sont contre ceux qui sont pour sans être ceux qui sont pour

Il a réfléchi

Une semaine

Chacun son tour

Puis il m’a dit,

Une semaine après

« Cherche pas à m’embrouiller !

T’y arriveras pas

C’est comme ma compagne

Qui est un peu compliquée

L’autre jour, elle me dit, alors que j’étais contre elle :

« Qu’en scrutant le prochain scrutin, les pours et les contres ouvrent la voie aux voix des blancs pour un monde bien noir »

Alors, quoique contre elle, j’étais contre elle.

Bon, enfin, mes amis,

Cette histoire des mots

Et de démos des mots

Finit par commencer à m’épuiser

(Regard sur la montre à gousset)

Amis du verbe, du drame et de la dialectique, au revoir !

D’ailleurs, ami du drame, du verbe et de la dialectique, avant de sortir

N’oublie pas

Le petit

Le petit plus, quoi.

(Sortie sans épilogue)

RIDEAU

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SKS FAIS POUR LA POLITIQUE ?

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FAIS POUR LA POLITIQUE ?

« Tu crois que je suis fait pour la politique ? »

« Faut voir »

« Voir quoi ? »

« Imagine :

T’es sur un chemin de campagne, peinard, tu regardes la nature, les arbres, les oiseaux,, un peu la route aussi, tu patiente au passage du troupeau de mouton qui traverse la chassée, puis, au détour d’un virage, encore plus lent que toi, un tracteur agricole juste devant toi, que fais-tu ? »

« Je double »

« Tu quitte le chemin, voici la départementale, et là, un camion de chantier qui se traîne …

Que fais-tu ? »

« Je double »

« Voici un bus scolaire,

Que fais-tu ? »

« Je le double »

« Une voiture de touristes qui … »

« Je double »

« Tu arrives sur l’autoroute »

« Enfin, j’accélère et je double »

« Quoi ? »

« Je sais pas mais je suis sur l’autoroute et je double »

« Alors, camion »

« Doublé »

« Auto »

« Doublé »

« Moto »

« Doublée »

« Péage »

« Je freine, je râle d’attendre aux caisses, je paie et j’accélère »

« Vélo »

« Doublé »

« Tracteur »

« Doublé »

« Camion »

« Doublé »

« Voiture »

« Doublé »

« Tu arrives au Palais »

« Quel palais ? »

« Ben, le Palais, l’Elysée, le pouvoir, l’état, la politique, … »

« D’accord, Elysée, Matignon, Sénat, …, même procédure mais d’abord : Temps mort et vérification »

« De quoi »

« Des rétros, là c’est capital de voir ce qui vient par l’arrière ! »

« Ah ouais ? »

« Ouais ! »

« Et puis ? »

« Pareil, je vois, j’accélère, je déboîte et je double, je les double tous, l’un après l’autre toujours un œil dans le rétro … »

« Et au bout ? »

« Au bout, quand y’en a plus devant, je demi-tourne, ils sont tous là, en face et je suis le premier, le chef, leur roi, l’empereur … LE SUPRÊME ! »

« C’est clair, t’es fait pour ! »

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SKS PILNAZ

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PILNAZ

« Mon pote, des fois, l’est pas sympa, mais peut mieux faire ! »

« Pourquoi ? »

« Hier, la télécommande de la télé fonctionnait mal, il prend la télécommande, il s’approche du décodeur, il bidouille la télécommande et miracle, ça fonctionne ! »

– J’ai dit : « C’était quoi ? »

– Il m’a dit : « C’est les Pilnaz ! »

– J’ai dis : « C’est quoi Pilnaz ? »

– Il m’a dit : « C’est toi Kiènaze !et il est parti. »

« Résultat : Ça ne fonctionne toujours pas,et comme je ne sais toujours pas qui sont Pilnaz et Kiénaz !, je ne peux pas faire réparer »

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SKS BIEN MIEUX

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BIEN MIEUX

« Le mieux est l’ennemi du bien ! »

« Que tu dis ! »

« C’est pas moi qui le dis, c’est comme ça ! »

« C’est bien toi qui parle »

« Oui, mais c’est pas moi qui dis ! »

« Laisse tomber ! Les euros sont pas tes ennemis »

« Non »

« Mais si t’as pas d’euros, t’es pas heureux, c’est pas bien ! »

« Non, si t’as pas d’euros t’es pas bien ! »

« Si t’as des euros, t’es content, c’est bien ! »

« Oui, si j’ai des euros c’est bien »

« Si t’as encore plus d’euros, t’es encore plus heureux, c’est mieux »

« Oui, si j’ai encore plus d’euros, c’est mieux ! »

« Alors le mieux n’es pas l’ennemi du bien »

« Du moins en euros »

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SKS LES NONEURS

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LES NONEURS

« Y’en a qui ont la planque ! »

« Qui ? »

« Les Noneurs ! »

« Les Zoneurs ? »

« Non, les No-neurs ! »

« Ah, oui, bien sûr ! »

« Quoi, bien sûr  !? »

« Encore un truc religieux, les faiseurs de Nones !, cool les Nones ! »

« Mais non ! Un truc civil ! »

« On fait des Nones civiles maintenant ? »

« Non, … »

« Mais tu dis toujours « Non ! » quand je parle »

« Mais non ! »

« Mais si, tu vois bien ! »

« Bon, Noneur, c’est un boulot magique !, z’ont qu’un mot à dire ! »

« Et on les paye pour ça  !? »

« Oui ! »

« Et t’en trouves où ?, parce que, comme job, ça peut m’intéresser ! »

« Y’en a sans doute ailleurs, mais moi j’en ai surtout rencontré dans les banques »

« Dans les banques !? »

« Oui, enfin non, pas dedans, parce qu’avec eux je passe jamais l’entrée »

« J’ai trouvé ! Ce sont des vigiles et le mot c’est « Stop ! »

« En fait, c’est par téléphone … »

« Ca c’est futé comme méthode pour s’introduire dans une banque … »

« Au standard je dis que je sollicite de leur immense bienveillance de bien vouloir avoir l’amabilité de m’accorder un prêt, tu vois j’y met toutes les formes, même un peu plus, puis on me demande mon salaire, là on est pas encore arrivé au Noneur, puis on me dit :

« Je vous transfère sur le poste d’un conseiller pour votre dossier » »

« Et … »

« Et là, c’est le Noneur ! »

« Et … »

« A la fin de toutes mes phrases il dit « Non ! »

« Cool comme job, …, mais au standard c’est peut être plus compliqué »

« Pourquoi ? »

« Là y’a peut être deux choix »

« C’est à dire ? »

« Noneur ou Ouieur, selon le montant du salaire annoncé. »

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